Pendant leur croissance, les arbres enregistrent les conditions environnementales et climatiques. Le bois conservé naturellement à l'abri de l'air représente une source d'informations unique sur le passé. De telles archives sont uniques et permettent, après un examen attentif, de reconstruire les conditions de croissance régnant il y a quelques millénaire. Les chantiers, les gravières, les glaisières, les marais, les lacs et les sites de glissements de terrain figurent parmi les principaux lieux de découverte de ce précieux matériau.

Découvertes signalées dans toute la Suisse

Au cours des dernières années, les découvertes suivantes ont été signalés aux chercheurs du WSL:

  • Depuis 1999, des chantiers de construction ont mis à jour plusieurs sites dans l'argile grisâtre sur les flancs du Uetliberg, en banlieue de Zurich. Une découverte exceptionnelle y a été faite au printemps 2013 par un dendrochronologue de l'Institut fédéral WSL. Grâce à l'assistance efficace de l'entreprise de construction, 257 souches seront découvertes au cours des mois suivants et transportées au WSL pour y être entreposées. Cette collection est aujourd'hui la plus grande du monde pour des pins de la fin de la dernière glaciation.
  • En collaboration avec le service forestier local de Celerina (GR), 70 pins et épicéas ont pu être récupérés à une profondeur d’environ 8 m (figure 1). Cette découverte en 2015 a eu lieu lors du chantier d’une centrale de pompage dans l’arrondissement de Maloja. Les premières mesures au carbone 14 (14C) dans le laboratoire de physique des ions à l’ETH de Zurich datent les arbres d’environ 3500 ans avant notre ère.
  • Une cinquantaine d’arbres ont également été prélevés à proximité d’Engi (GL) avec le soutien de l’entreprise locale lors de la construction d’une digue contre les crues (figure 2). Ces arbres ont vraisemblablement été ensevelis par des laves torrentielles à 5 à 7 m de profondeur, et ont été conservés dans l’argile.
  • Près d’Aigle (VD), la collaboration avec la société Holcim (Suisse) a permis de prélever des échantillons sur 28 chênes subfossiles en provenance d’une gravière (figure 3). Les premières mesures dendrochronologiques des arbres ont montré qu’ils avaient été enfouis environ 4300 ans avant notre ère.

La datation par le carbone 14 (également appelée datation par le radiocarbone) est une méthode permettant de déterminer l’âge des matériaux organiques en utilisant les propriétés du carbone 14 (14C), un isotope radioactif naturel qui se forme en permanence dans l’atmosphère par l’interaction entre les rayons cosmiques et l’azote.

Pendant sa vie, un végétal ou un animal échange du carbone avec son environnement, de telle sorte que le carbone qu’il contient aura la même proportion de 14C que l’atmosphère. Après sa mort, il cesse d’assimiler du 14C, mais le 14C stocké dans les tissus biologiques à ce moment va continuer à se désintégrer, et sa proportion va décroître progressivement.

Le 14C se désintégrant selon une loi connue, sa proportion peut être utilisée pour déterminer la période écoulée depuis qu’un échantillon donné a cessé les échanges de carbone.

Toutefois, ce principe de base est compliqué par des variations temporelles significatives du taux de 14C dans l’atmosphère. Les datations par le carbone 14 doivent donc être corrigées par des données fiables d’autres sources dont l’âge est connu – la plus précise d’entre elles étant les cernes annuels des arbres dont on connaît l’âge absolu. Ce processus de correction est appelé calibration du carbone 14.

D'après Wikipédia

Trouver les morceaux de puzzle manquants

Grâce à la spectaculaire découverte de 257 souches de pin subfossiles à Zurich, les chercheurs ont désormais bon esport de prolonger de 1500 ou même 2000 ans la série de cernes qui remonte actuellement à 12 500 ans. Il reste toutefois un chaînon manquant entre cette chronologie et les arbres de Zurich. Cette chronologie, dont les datations sont absolues, est utilisée dans le monde entier pour étalonner les datations par le carbone 14 (voir encadré).

D’autres échantillons seront nécessaires pour comprendre encore mieux les conditions environnementales à la fin de la dernière période glaciaire. D’autres découvertes de moins grande ampleur, ou même des arbres isolés peuvent être autant de morceaux du puzzle, et permettre aux scientifiques de combler des lacunes temporelles entre les mesures effectuées jusqu’ici.

Les chercheurs ont besoin de votre aide

Si vous trouvez du bois, merci de nous contacter. Nous en prélèverons des échantillons sur le lieu même de découverte. Nous analysons ensuite les échantillons en laboratoire, au WSL. Notre travail ne vous fera pas perdre de temps et n'entravera en rien le processus de construction; nous venons sur place et emportons le matériau intéressant.

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