Le Rapport forestier 2025 donne une vue d’ensemble de l’état, de l’évolution et de l’avenir de la forêt suisse dans tous ses aspects. Il contient des faits et des chiffres sur tous les thèmes importants qui concernent la forêt. Quelque 90 spécialistes ont collecté des informations issues de nombreuses observations à long terme et les ont présentées dans six chapitres thématiques. Le rapport doit servir de base à des discussions et à des décisions bien étayées.
Il n’y a pas de réponses simples à la question: «Comment se porte la forêt suisse?». Mais une chose est sûre: les changements climatiques s’y font aussi sentir.
Bases de données
Le rapport forestier s'appuie sur une base de données exceptionnellement large, issue de relevés à long terme et basée sur les indicateurs standardisés et reconnus de Forest Europe. Les informations prises en compte sont celles qui étaient disponibles jusqu'en juillet 2023. Les données relevées à long terme et leur interprétation avec tout l’éventail des indicateurs permettent une évaluation fondée de la durabilité de la gestion des forêts. Les relevés sont entre autres:
- Inventaire forestier national (IFN) (environ 6700 placettes)
- Monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD)
- Inventaire Sanasilva
- Statistique forestière et réseau d’exploitations forestières (REF)
- InfoSpecies (répartition des espèces animales, végétales et fongiques)
- Monitoring socioculturel des forêts (WaMos)
- Protection de la forêt suisse (atteintes par le gel et les organismes nuisibles)
- Recherche à long terme sur les écosystèmes forestiers (LWF)
- Surveillance des réserves forestières naturelles en Suisse
- Réseau national d’observation des polluants atmosphériques (NABEL)
Résultats (extraits)
1) Surface forestière
La forêt s’étend sur 1,3 million d’ha et couvre 32 % du territoire national, avec des différences régionales très marquées. Ainsi, le taux de boisement est particulièrement élevé dans le sud des Alpes, où il atteint près de 55 %. Suivent le Jura (40 %), les Préalpes (35 %) et les Alpes (28 %). C’est sur le Plateau, très peuplé, qu’il est le plus bas, à environ 24 %.
Depuis plus de 150 ans, la surface forestière augmente en Suisse. Entre 1983 et 2022, elle s’est accrue de de 11,6 %. (fig. 2). Durant la dernière décennie (2015-2025), l'augmentation a été de 23'000 hectares, soit 23 km2 par an. C’est nettement moins que lors des décennies précédentes. Si la surface forestière est restée constante dans le Jura, sur le Plateau et dans les Préalpes, elle a progressé de 0,4 % par an dans les Alpes, et de 0,3 % dans le sud des Alpes.
Près de 75 % de cette extension s’est faite à plus de 1400 m d’altitude, en particulier sur des terrains abandonnés par l’agriculture. La Confédération soutient par des paiements directs le maintien d’un paysage rural ouvert et l’exploitation de terres agricoles de qualité, créant ainsi des conditions qui permettent de lutter contre l’extension de la surface forestière.
2) Volume de bois
Le volume des arbres en Suisse est régulièrement relevé dans l’Inventaire forestier national (IFN). Une distinction est faite entre le volume des arbres vifs (volume de bois) et des arbres morts (volume de bois mort). La somme donne le volume total de bois.
Selon une évaluation intermédiaire de l’IFN5 (2018-2022), le volume total de bois en Suisse s’élève à 459 millions de m3, dont 39 millions (8 %) sous forme de bois mort. Le volume de bois mort a augmenté d’un tiers durant la dernière décennie (2015-2025).
Le volume de bois des arbres vifs est d’environ 420 millions de m3. Rapporté à la surface, il est en moyenne de 347 m3 par ha (fig. 3). Dans l’ensemble, le volume de bois est resté stable en Suisse depuis l’IFN4 (2009-2013), avec toutefois des changements au niveau régional. Ainsi, il a augmenté dans les Alpes (+ 7 %) et le sud des Alpes (+ 12 %), d’une part parce qu’on y a moins récolté de bois qu’il n’en est repoussé, d’autre part parce que la forêt a recolonisé des terres agricoles abandonnées. Dans le Jura (– 3 %) et sur le Plateau (– 5 %) à l’inverse, il a diminué, surtout en raison d’une hausse de la mortalité des arbres et des exploitations forcées causées par la sécheresse, des maladies ou des infestations de scolyte.
Le volume de bois dans la forêt suisse est composé à 68 % de résineux et à 32 % de feuillus. L’épicéa vient en tête, avec une part de 42 % (fig. 4). C’est la première essence en volume dans toutes les régions sauf le Jura. Dans les Alpes, son volume a augmenté de 6 % durant la dernière décennie, alors qu’il a diminué de 15 % sur le Plateau et de 10 % dans le Jura. La deuxième essence en volume au niveau suisse est le hêtre (18 %). C’est même la première dans le Jura (31 %), bien que son volume y ait reculé de 7 %. Sur le Plateau, le hêtre occupe la deuxième place en volume (26 %). Celui-ci a augmenté de 20 % dans le sud des Alpes, et de 8 % dans les Alpes. Avec une part de 16 %, le sapin blanc vient en troisième position au niveau suisse. Son volume est relativement élevé surtout dans le Jura et les Préalpes. Dans les Préalpes et le sud des Alpes, il s’est accru de resp. 9 % et 18 %.
Le mélèze occupe la quatrième place en volume de bois au niveau suisse (6 %). Sa part a fortement augmenté dans les Alpes et le sud des Alpes. L’érable sycomore est la seule essence dont le volume a sensiblement augmenté dans toutes les régions, à raison de 19 % en moyenne. Au niveau suisse, il représente 4 % du volume de bois, selon l’IFN. C’est ainsi – avec le frêne – la deuxième essence feuillue en volume après le hêtre. Le volume de frêne a fortement reculé (– 10 %) en raison du dépérissement des pousses du frêne. Les parts de volume d’autres essences, comme le pin et le chêne, sont encore plus basses au niveau suisse, avec resp. 3 % et 2 %. Le châtaignier pousse presque exclusivement dans le sud des Alpes, où il constitue une part importante des essences (13 %).
3) Réserves de carbone
Les forêts jouent un rôle important dans le cycle global du carbone. Le carbone (C) fixé dans la biomasse forestière est contenu dans la biomasse des arbres vifs, le bois mort, l’horizon organique et les sols.
Selon ces calculs, la forêt suisse stocke environ 144 millions de tonnes de carbone dans la biomasse des arbres vifs. Ces réserves absolues sont restées quasi constantes durant la dernière décennie.
Rapportée à la surface, la quantité moyenne de carbone stockée par les arbres vifs est de 119 t C/ha (fig. 6). La quantité de biomasse vivante est toutefois très variable selon les régions. Les forêts ayant les plus importants stocks de carbone dans la biomasse vivante rapportés à la surface se trouvent dans les Préalpes. Les conditions de croissance y sont optimales, et comme les coûts de récolte en terrain escarpé sont souvent élevés, on tend à y prélever moins de bois que p. ex. sur le Plateau.

Fig. 6: Quantité de carbone en tonnes par hectare (t C/ha) stocké resp. dans la biomasse des arbres vifs (biomasse vivante), le bois mort, le sol forestier et l’horizon organique sur la période de l’IFN5 (2018-2022) dans les cinq régions de production et pour l’ensemble de la Suisse. Source : IFN, Nussbaum et al. 2012, Nussbaum und Burgos 2021
Le bois mort retient le carbone jusqu’à sa décomposition complète. En moyenne, il fixe près de 10 t C/ha. La proportion de bois mort a augmenté de 38 % en Suisse durant la dernière décennie.
Le sol est le plus gros réservoir de carbone en forêt. Selon une analyse de plus de 2000 profils pédologiques représentatifs des conditions stationnelles hétérogènes de la Suisse, les sols forestiers minéraux (y c. horizon organique) stockent 140 t C/ha en moyenne, soit plus que la biomasse vivante. Les sols forestiers de Suisse sont environ 50 % plus riches en carbone que ceux d’autres pays d’Europe centrale. Cela s’explique par le climat frais et humide, la sylviculture proche de la nature, et l’âge relativement élevé des forêts suisses en comparaison européenne.
Pendant leur croissance, les arbres captent du CO2 de l’air et fixent le carbone dans la biomasse. Quand celle-ci se décompose ou est brûlée, du CO2 se forme à nouveau et est rejeté dans l’atmosphère. Lorsqu’une forêt absorbe plus de CO2 qu’elle n’en rejette, elle est un puits de carbone. Dans le cas contraire, elle est une source de carbone. Le bilan de CO2 d’un sol forestier et de son horizon organique dépend des conditions climatiques, des essences et des propriétés physico-chimiques du sol.
4) Charge d’azote
Grâce aux mesures de protection de l’air, les émissions polluantes sont en recul depuis 1980. Pourtant, les objectifs de réduction du Conseil fédéral pour les émissions de polluants atmosphériques azotés comme l’ammoniac et les oxydes d’azote ne sont pas encore atteints. Aujourd’hui, environ deux tiers d’entre elles sont imputables à l’agriculture et un tiers à des processus de combustion dans les domaines des transports, du chauffage et de l’industrie.
L’azote parvient dans la forêt sous forme de gaz, dans des aérosols ou dissous dans les précipitations. En tant que nutriment, il favorise d’abord la croissance des végétaux, mais en excès, il a des effets négatifs sur la forêt. En Suisse, les dépôts azotés dépassent sur près de 90 % de la surface forestière les charges critiques (fig. 8).
5) Accroissement, exploitation et mortalité
L’accroissement, l’exploitation et la mortalité sont des paramètres importants pour évaluer la productivité des forêts et la durabilité de la consommation des ressources. Selon la terminologie de l’Inventaire forestier national (IFN), l’accroissement brut comprend l’augmentation du volume des arbres vifs et de ceux qui ont franchi le seuil d’inventaire (12 cm), ainsi que l’augmentation modélisée du volume des arbres exploités ou morts naturellement et non exploités (mortalité).
L’accroissement net est l’accroissement brut après déduction du volume de la mortalité naturelle. L’exploitation au sens de l’IFN comprend le volume de bois de tige, y compris souche et écorce, de tous les arbres abattus et retirés, même si des parties de tiges restent en forêt. L’exploitation et la mortalité additionnées sont aussi qualifiées de pertes.
Sur la période de l’IFN4 (2009-2017) à l’IFN5 (2018-2022), l’accroissement brut au niveau suisse s’est élevé à 10,6 millions de m3/an. Il a ainsi baissé de 2,2 % par rapport à la période de l’IFN3 (2004-2006) et l’IFN4, où il était de 10,8 millions de m3/an. La baisse a été marquée surtout dans le Jura (– 9,0 %) et sur le Plateau (– 7,3 %).
La dernière décennie a vu une hausse de la mortalité, qui est passée de 1,7 à 2,6 millions de m3/an, atteignant à la fin 24,7 % de l’accroissement brut. L’accroissement net a ainsi diminué de 12,8 % au niveau suisse, passant de 9,1 à 8,0 millions de m3/an. Dans le Jura, la mortalité a plus que doublé (+ 129,6 %). C’est pourquoi cette région enregistre la plus forte baisse de l’accroissement net (– 28,1 %). Une hausse de la mortalité a aussi été mesurée dans les Alpes (+ 25,6 %).
L’exploitation a au contraire légèrement diminué au niveau suisse, et s’élevait à la fin à 7,1 millions de m3/an. Chez le frêne (148,0 %), elle a été nettement supérieure lors de la dernière décennie (fig. 9). Pour l'épicéa, le pin et le châtaignier, l'exploitation et la mortalité dépassent également l'accroissement brut, raison pour laquelle le volume de bois a également diminué pour ces essences.
La part d’exploitations forcées (exploitations non planifiées et nécessaires après une perturbation) a augmenté. Sur la période IFN3-IFN4, 1,1 million de m3/an avaient été déclarés comme exploitations forcées, soit 13,9 % de l’exploitation totale.
6) Diversité des espèces
Avec sa topographie variée et ses fortes différences d’altitude, la Suisse présente une grande diversité de stations, qui se reflète dans la richesse de sa flore, y compris en forêt. Près de 700 plantes vasculaires sont considérées comme des espèces forestières typiques, dont 39 essences indigènes de feuillus et sept de résineux.
Les forêts suisses comptent trois essences dominantes constituant environ deux tiers des arbres : l’épicéa (36 %), le hêtre (18 %) et le sapin (11 %). La composition en essences diffère toutefois beaucoup selon l’altitude et la région. Ainsi, le châtaignier est très fréquent dans le sud des Alpes (15 %).
Le changement de la composition des peuplements forestiers en Suisse résulte de diverses causes : succession naturelle, nouvelles conditions climatiques, organismes nuisibles, perturbations et gestion forestière. Selon le relevé du nombre de tiges, l’érable a progressé de 1,4 % et l’arole de 1,1 % par an entre le quatrième et le cinquième Inventaire forestier national, tandis que l’épicéa accusait un recul de 0,5 % par an sur la même période (fig. 10). Au niveau suisse, c’est le frêne qui enregistre la plus forte diminution (– 2,2 % par an). Il a souffert du dépérissement des pousses du frêne.
Le recul du frêne a des conséquences pour l’économie forestière et la diversité spécifique. Cette essence offre un habitat à un grand nombre d’espèces de mollusques, d’insectes et surtout d’organismes sans fleurs (cryptogames) comme les mousses, les lichens et les champignons. En Suisse, environ 150 espèces de mousses, plus de 450 de lichens épiphytes et environ 850 de champignons saprophytes ou parasites ont été observés sur des frênes.
Le frêne se distingue des autres feuillus indigènes par le pH neutre de son écorce, qui en fait un habitat privilégié en particulier pour les lichens épiphytes. Les conséquences de son recul à grande échelle sur le développement de ces espèces sont encore difficiles à évaluer. Les exemplaires sains ou peu atteints doivent être conservés et favorisés afin qu’ils puissent transmettre à de futures générations d’arbres une possible résistance au champignon responsable du dépérissement des pousses du frêne.
La forêt est très riche en espèces par rapport à sa surface. Environ 40 % des quelque 56 000 espèces identifiées en Suisse vivent en forêt ou en sont tributaires. Leur part varie toutefois selon les groupes d’organismes: elle est supérieure à la moyenne chez les chauves-souris, les capricornes (fig. 11), les champignons supérieurs et les lichens, où elle dépasse 80 %, mais nettement inférieure chez les plantes vasculaires indigènes (moins de 25 %).

Fig. 11: La forêt a une très grande importance pour les longicornes, car les représentants de cette famille de coléoptères se développent généralement dans le bois. Le grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo) est jugé au bord de l’extinction en Suisse. Il vit sur de très vieux chênes, que l’on ne trouve presque plus dans les forêts exploitées. Photo : Beat Wermelinger
Sur les quelque 6000 champignons supérieurs décrits en Suisse, 3650 sont classés parmi les espèces forestières, et 428 espèces de mousses, 130 de mollusques et 27 de papillons et de zygènes sont régulièrement observées dans ou à proximité de la forêt. Même si la proportion d’oiseaux nicheurs menacés en forêt (9 espèces sur 59) est nettement inférieure à la moyenne suisse, certaines espèces, comme la bécasse des bois, la tourterelle des bois, le pic cendré, le pipit des arbres, le pouillot siffleur et le venturon montagnard, voient leur population diminuer.
Le Monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD) montre qu’entre 2000 et 2020, la diversité spécifique des mollusques et des mousses des forêts n’a cessé d’augmenter sur les surfaces forestières étudiées. Pour les mollusques, la hausse concerne le nombre aussi bien d’espèces que d’individus. L’augmentation du nombre d’individus est directement liée à celle de l’offre en bois mort. En revanche, la diversité globale des plantes vasculaires n’a pas significativement évolué.
7) Bois mort
Dans l’ensemble, l’évolution des quantités de bois mort dans la forêt suisse est positive. Selon l’IFN5 (2018- 2022), le volume s’est accru dans beaucoup de régions durant la dernière décennie, atteignant aujourd’hui 32 m³/ha en moyenne. Mais sur le Plateau, région la plus pauvre en bois mort, la hausse a été nulle ou faible (fig. 12). Par endroits, les quantités y sont encore inférieures à la valeur cible minimale de 20 m³/ha fixée par la Confédération.
La plupart des espèces saproxyliques ont besoin de volumes plus élevés, soit 30-50 m³/ha dans les chênaies et hêtraies. Les plus exigeantes nécessitent même plus de 100 m³/ha, quantité correspondant à celle d’une forêt primaire. Les forêts inexploitées sont donc très précieuses pour la diversité des espèces saproxyliques, surtout dans des régions pauvres en bois mort comme le Plateau, où seule 3 % de la surface forestière est inexploitée selon l’IFN. Les mesures spécifiques telles que réserves forestières naturelles, îlots de sénescence et conservation d’arbres-habitats jusqu’à leur décrépitude sont donc très importantes.
La forêt suisse manque de gros arbres âgés, garants de la diversité en microhabitats et de l’offre future en gros bois morts. Des décennies sont nécessaires pour qu’un arbre soit assez gros pour former des dendromicrohabitats spécifiques, comme les cavités à terreau. Selon les résultats intermédiaires de l’IFN5, il est de 0,3 à 3,7 par ha suivant la région. Les forêts naturelles comptent environ 10 à 17 géants par ha.
8) Réserves forestières
La Confédération et les cantons prévoient de délimiter 10 % de la surface forestière en tant que réserves d’ici 2030, dont 5 % de réserves forestières naturelles (RFN) et 5 % de réserves forestières spéciales (RFS). Selon les relevés de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), en 2022, les RFN représentaient 4,16 % de l’aire forestière suisse et les RFS 3,18 % (fig. 14), soit un total de 7,3 %.
Il y a 20 ans, les réserves forestières n’était encore que de 2,5 %. Jusqu’ici, la politique de la Confédération et des cantons a donc été très efficace. Cependant, cette part diffère d’une région à l’autre. Ainsi, le déficit en surfaces forestières protégées est plus élevé sur le Plateau que dans le Jura, les Préalpes et les Alpes.
Lors de la dernière décennie, de nets progrès ont aussi été réalisés pour la taille des réserves forestières. En 2022, l’objectif initial de 30 réserves de plus de 500 ha était déjà dépassé, avec 39 réserves délimitées. Là aussi, des différences marquées s’observent au niveau régional. En comparaison avec les autres régions, la création de grandes réserves est plus difficile sur le Plateau, où les forêts sont souvent plus fragmentées et l’exploitation du bois est plus intéressante grâce à une meilleure desserte.
9) Situation économique des entreprises forestières
Le résultat global des entreprises forestières suisses s’est légèrement amélioré, notamment grâce à la hausse marquée des prix enregistrée depuis 2021. Dans l’ensemble, leur situation économique a peu changé durant la dernière décennie. Elles sont confrontées à des coûts élevés et à des recettes du bois plutôt faibles.
Selon la statistique forestière suisse, les coûts des entreprises forestières en Suisse se sont montés à environ 590 millions de francs en 2021, les recettes à environ 583,5 millions. Il en est donc résulté une perte de 6,5 millions de francs. Bien que négatif, ce résultat est une nette amélioration sachant qu’entre 2010 et 2020, la perte annuelle moyenne était de plus de 41 millions de francs
Les indicateurs de 2021 du réseau d’exploitations forestières de la Suisse (REF) – un échantillon de 160 entreprises forestières sélectionnées – montrent une situation financière très hétérogène. Les résultats des entreprises forestières du REF présentent une forte dispersion au sein d’une même zone forestière (fig. 15), ce qui montre que les résultats financiers ne dépendent pas seulement d’influences naturelles comme la topographie.
Le principal poste de recettes des entreprises du REF est la gestion forestière (51 %), qui comprend le produit de la vente du bois (26 %), les soutiens et indemnisations publics de la gestion des forêts protectrices (23 %) et les autres produits de la gestion forestière (2 %). Les autres sources de revenu sont les prestations de services (35 %) et la vente de biens (14 %). Les services écosystémiques qui ne sont pas explicitement commandés par les pouvoirs publics, comme les prestations récréatives, restent en bien des endroits difficilement valorisés.
10) Soutien de l’économie forestière par la Confédération
Contrairement aux fondements très stables de la politique forestière comme l’obligation de maintien de la forêt, la politique de soutien a évolué de façon dynamique. Au début, elle était limitée aux reboisements, aux travaux d’aménagement et aux infrastructures comme les routes forestières.
Au milieu des années 1980 se sont ajoutées les contributions pour la gestion des forêts de montagne. Elles ont été élargies peu après à toutes les forêts de Suisse dans le contexte du débat sur la mort des forêts. Les subventions fédérales ont ainsi considérablement augmenté, dépassant par moments 300 millions de francs annuels après les tempêtes dévastatrices Vivian (1990) et Lothar (1999).
Depuis la réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons (RPT) en 2008, les contributions fédérales à la gestion des forêts ne sont plus axées sur les coûts, mais sur les prestations.
Le soutien de la forêt ést constitué des trois programmes «Forêts protectrices», «Biodiversité en forêt» et «Gestion des forêts» ainsi que d’«autres contributions». Les contributions fédérales à la gestion des forêts comprennent aussi les crédits d’investissement pour l’amélioration des structures des entreprises et des méthodes de travail, qui ont été très importantes en particulier pour la gestion des conséquences de la tempête Lothar. Outre la forêt, la protection contre des dangers naturels tels que glissements de terrain, chutes de pierres, avalanches est soutenue par le programme «Ouvrages de protection et données de base sur les dangers».
La hausse des contributions fédérales depuis 2008 témoigne de la volonté de la politique et de la société de soutenir l’économie forestière dans ses efforts de conservation de la forêt et de ses nombreuses prestations face aux difficultés posées par les changements climatiques.
Vous trouverez des informations détaillées sur ces sujets et bien d'autres encore dans le Rapport forestier 2025 complet (PDF).















