Les pommiers sauvages appartiennent à la famille des rosacées et sont représentés par environ 20 espèces à travers l’Europe, l’Asie de l’Ouest et l’Amérique du Nord. Le pommier sauvage européen (Malus sylvestris) préfère les sols riches en éléments nutritifs, légèrement humides, et peut être rencontré dans certains cas jusqu’à une altitude de 1300 m. En langage populaire, il est aussi connu sous le nom de pommier des bois.

Apparence et caractéristiques

Le tronc du pommier sauvage est court, souvent tordu et courbe. Sa couronne, large et en forme de parasol, est constituée de branches encombrées et pourvues d’épines. Il a une écorce fine, rouge-brun clair en jeunesse puis gris-vert, crevassée et écailleuse. Il peut atteindre 5 à 10 m de haut et vivre jusqu’à 100 ans. Il se rencontre couramment sous sa forme arbustive.

Les fleurs, plutôt clairsemées, sont rondes, odorantes et disposées en ombelles. Elles fleurissent entre fin-avril et mi-mai et développent des pétales blancs à l‘intérieur et rose clair à l’extérieur. Le dessous des feuilles ne présente que peu ou pas de poils, contrairement au pommier cultivé. Elles sont alternes, ovales-elliptiques et denticulées, mesurent 4 à 10 cm de long et jusqu’à 5 cm de large.

Les pommes – des faux-fruits en termes botaniques – d’une taille de 2 à 4 cm et sises sur un pédoncule court, sont rondes, de couleur jaune-vert à rougeâtre sur la face exposée au soleil. Riches en tanins elles ont une saveur acide, mais deviennent savoureuses après le gel tardif d’automne et peuvent alors être préparées en gelée par exemple.

Utilisation et importance écologique

Le bois d’aubier, blanc-rougeâtre et celui de cœur, rouge-brun, présentent des fibres fines mais souvent torses. Sa dureté en faisait un bois utilisé par les tourneurs et les menuisiers. Ces derniers en faisaient des roues dentées pour des montres, des baritels et des visses. Les fûts de meilleure qualité étaient étuvés, coupés en plaquage et utilisés en marqueterie. Au Moyen Age, les fruits acides étaient employés pour conserver de la nourriture et assaisonner les salades.

Ce bois a toutefois souvent été coupé ou essarté en agriculture et en foresterie car il n’avait que peu de valeur d’usage. Entre temps, les esprits ont évolué depuis que l’importance écologique du pommier sauvage a été reconnue.

Grâce à sa ramification dense, le pommier sauvage sert d’abri à de nombreuses espèces animales. En particulier, les espèces cavernicoles, comme la Chevêche d’Athéna, choisissent les cavernes et les trous souvent présents dans les troncs pour y couver. Les chauves-souris l’apprécient en tant que quartier diurne, et les fruits servent de nourriture à des herbivores tels que le blaireau.

Aspects historico-culturels et nomenclature

L’existence de la pomme est attestée par des trouvailles datant du néolithique. En effet, des restes de pommes calcinées ont pu être identifiés dans des villages préhistoriques. Il est admis que la culture du pommier sauvage a débuté il y a environ 6000 ans. Toutefois, la preuve définitive que la pomme cultivée provient bien de la variété sauvage européenne n’a pas été amenée jusqu’à présent. Des analyses génétiques indiquent qu’elle serait plutôt un hybride issu de variétés de pommiers sauvages provenant d’Asie du Sud-Est.

Le terme « pomme d’Adam » provient du mythe selon lequel le fruit défendu auquel Adam aurait goûté lui serait resté en travers de la gorge. En anglais, les vertus de la pomme sont résumées dans l’expression «An apple a day keeps the doctor away», c’est-à-dire «une pomme par jour éloigne le médecin.» La pomme probablement la plus connue, du point de vue suisse, est la légendaire pomme visée par la flèche de Guillaume Tell sur la tête de son fils.

Le pommier sauvage en Suisse

Selon l’Inventaire forestier national suisse, environ 36'000 pommiers sauvages ayant un DHP supérieur à 12 cm (diamètre à 1,3 m de hauteur) poussent en Suisse. A cela s’ajoutent encore quelques milliers de jeunes arbres issus du rajeunissement naturel ainsi que des arbres plantés durant ces 10 dernières années lors de campagnes de plantations.

Quelques centaines de pommiers sauvages sont également cultivés en pépinière chaque année à l’Institut fédéral de recherches WSL à Birmensdorf ZH. 50 à 150 kg de fruits sont récoltés chaque année pour d’obtenir des graines. Avec un taux d’à peine 0,5%, la récolte en graines est très faible et par conséquent très convoitée malgré son prix élevé (1000 Frs/kg).

Promouvoir les pommiers sauvages

Cette essence rare a un urgent besoin de notre soutien. Le forestier peut la favoriser dans nos forêts et nos zones alluviales, ou les agriculteurs et les paysagistes la promouvoir dans nos milieux cultivés. Et cette année, le jardinier amateur peut lui aussi planter un ou plusieurs pommiers sauvages dans nos quartiers d’habitation..

Sources

  • Curatorium Arbre de l’année.
  • Anton Burkart, Institut fédéral de recherches WSL: communication personnelle.
  • Guggenbühl, P. (1962) : Unsere einheimischen Nutzhölzer. Die gebräuchlichen Holzarten Mittel- und Nordeuropas.‎ ‎Zürich, Stocker-Schmid, 1962. 406 p.
  • Laudert, D. (2000): Mythos Baum. Geschichte, Brauchtum, 40 Baumporträts. 5. überarb. Aufl. 2003. 256 S. ISBN: 3-405-16640-3.
  • IFN3 : Brändli, U.-B. (Réd.) 2010: Inventaire forestier national suisse. Résultats du troisième inventaire 2004–2006. Birmensdorf, Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL. Berne, Office fédéral de l’environnement, OFEV. 312 p.

 

Traduction: Guaraci forest consulting SA