Pour étudier les déplacements des chauves-souris, les chercheurs ont, d’une part, exploité la banque de données faunique du CCO. Celle-ci contient 5222 données récoltées sur territoire neuchâtelois entre 1980 et 2005, et qui décrivent chaque animal identifié (son espèce, son âge, son sexe) et précisent sa localisation lors de sa capture ou de son observation. Mises en relation avec la couverture du canton à l’aide d’un SIG, ces données permettent de dresser une carte des préférences territoriales des chauves-souris. D’autre part, les chercheurs ont équipé au total 17 chauves-souris (Barbastelle, Grand Rhinolophe, Murin de Bechstein et Oreillard brun) de radio-émetteurs au cours du printemps et de l’été 2004 et 2005.

Les résultats de ces deux approches indiquent une fréquence de chauves-souris nettement plus élevée en milieu forestier que sur le reste du territoire cantonal. Parmi les 771 sites du canton où des chauves-souris ont été identifiées entre 1980 et 2005, seuls 65 se trouvaient en forêt. Pourtant, près du tiers des individus y ont été capturés. Cette observation peut sans doute s’expliquer par la présence de nombreuses cavités karstiques dans le canton de Neuchâtel. D’une part, ces cavités attirent les chauves-souris à la recherche de sites d’hibernation en automne. D’autre part, elles sont souvent associées à des zones karstiques, peu propices au défrichement, et donc généralement boisées.

Parmi les vingt-deux espèces observées dans le canton, sept sont considérées comme forestières, leur fréquence d’apparition en forêt étant supérieure à 34%. Selon la Liste Rouge des espèces menacées de Suisse, toutes les sept sont rares ou en danger (Tableau 1).

Une préférence marquée pour les forêts feuillues

Les résultats de ces deux approches indiquent une fréquence de chauves-souris nettement plus élevée en milieu forestier que sur le reste du territoire cantonal. Parmi les 771 sites du canton où des chauves-souris ont été identifiées entre 1980 et 2005, seuls 65 se trouvaient en forêt. Pourtant, près du tiers des individus y ont été capturés. Cette observation peut sans doute s’expliquer par la présence de nombreuses cavités karstiques dans le canton de Neuchâtel. D’une part, ces cavités attirent les chauves-souris à la recherche de sites d’hibernation en automne. D’autre part, elles sont souvent associées à des zones karstiques, peu propices au défrichement, et donc généralement boisées.

Parmi les vingt-deux espèces observées dans le canton, sept sont considérées comme forestières, leur fréquence d’apparition en forêt étant supérieure à 34%. Selon la Liste Rouge des espèces menacées de Suisse, toutes les sept sont rares ou en danger (Tableau 1).

 Tableau 1: Statut des espèces forestières de chauves-souris observées dans le canton de Neuchâtel

Nom latinNom communNombre d’occurrences dans le cantonProportion des occurrences en forêt (%)Statut Liste Rouge (Suisse)
Rhinolophus ferrumequinumGrand rhinolophe fer à cheval2885,7En danger d'extinction
Myotis mystacinusMurin à moustaches 182 40,7En danger
Myotis nattereriMurin de Natterer 24 83,3Rare
Myotis bechsteiniMurin de Bechstein 66 72,7Rare
Myotis myotisGrand murin53948,1Très menacé
Barbastella barbastellusBarbastelle commune 2090,0En danger d'extinction
Plecotus auritusOreillard brun44142,4En danger

Des forêts, oui, mais pas n’importe lesquelles

Bien que les forêts méso- et thermophiles totalisent à peine plus de 29% de la surface forestière cantonale, 84% des occurrences forestières de chauves-souris proviennent de ces milieux. Ces forêts de feuillus claires offrent des ressources en nourriture plus abondantes que les peuplements de résineux. Seules certaines espèces comme l’Oreillard brun s’accommodent d’un certain enrésinement.

Le radio-pistage a par ailleurs révélé que trois espèces suivaient fréquemment les chemins forestiers pour leurs déplacements, ce qui semble indiquer qu’elle recherchent des peuplements structurés par des ouvertures linéaires.

Le Grand Rhinolophe, en danger d’extinction en Suisse, a le plus souvent été radio-pisté dans de petits peuplements en milieu semi-ouvert et à basse altitude, de type pâturages boisés et vergers, dont il avait fait son territoire de chasse.

L’attractivité des arbres à cavités et des arbres morts sur pied pour les chauves-souris est bien connue puisque de nombreuses espèces y établissent leurs gîtes de reproduction. Dans le cas du Murin de Bechstein, les chercheurs neuchâtelois ont même pu mettre en évidence une relation quasi exclusive entre cette espèce et les anciennes cavités de pics dans les chênes. Quant à la Barbastelle commune, elle gîte préférentiellement sous les écorces décollées des arbres morts sur pied. Ces habitudes s’expliquent probablement par des facteurs microclimatiques : à cause de la faible densité des houppiers de feuillus ou d'arbres morts, les troncs profitent d’un ensoleillement important qui réchauffe les cavités, favorisant la gestation des femelles et le développement des jeunes. Les nichoirs artificiels n’offrent pas un tel confort et ne peuvent donc être considérés comme une alternative durable aux cavités naturelles.

La conservation passe par la concertation

En résumé, une conservation efficace des chauves-souris passerait par la promotion de l’éclaircissement des peuplements, l’aménagement de structures, et la (re)création de pâturages boisés. Les arbres morts ou à cavités devraient être présents en nombre suffisant, les chauves-souris forestières ayant un rayon d’action relativement faible.

Enfin, il apparaît indispensable que les chiroptérologues (nom savant pour les spécialistes des chauves-souris) soient associés aux débats liés à la conservation de la biodiversité en milieu forestier.

Adaptation: Michèle Kaennel Dobbertin (WSL)