Les rouilles font partie de la classe des basidiomycètes et de l’ordre des urédinales. Il en existe 5000 espèces dans le monde. Toutes les rouilles sont spécialisées sur des plantes-hôtes bien définies. Elles se développent rarement sur une seule plante-hôte mais elles alternent généralement entre deux espèces qui ne sont pas systématiquement apparentées.

Les rouilles de l’épicéa (Chrysomyxa) colonisent différentes espèces d’épicéas et souvent aussi des plantes à fleurs de la famille des éricacées. 6 espèces de rouilles de l’épicéa sont présentes en Europe. L’on retrouve 3 d’entre elles en Suisse:

En Suisse, la rouille la plus fréquente est la rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa (Chrysomyxa rhododendri). Cette espèce alterne entre deux plantes-hôtes, le rhododendron et l’épicéa (fig. 3). Le champignon provoquant cette rouille se développe et perdure sur les deux espèces indigènes de rhododendrons. Il subsiste l’hiver sur l’une ou l’autre de ces deux plantes. Son hôte secondaire est l’épicéa, avec une préférence pour les jeunes arbres. La rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa n’a pas absolument besoin de l’épicéa pour se développer. Elle est de ce fait également présente à l’extérieur de l’aire d’extension de cette essence. Chrysomyxa rhododendri est très fréquent dans les Alpes et dans d’autres montagnes d’Europe. On le retrouve en Suisse entre 1000 et 2000 m d’altitude. Il est particulièrement répandu dans les vallées des Alpes grisonnes et tessinoises.

Les spores du champignon se forment au printemps sur la partie inférieure des feuilles de rhododendrons. Le vent les dissémine ensuite sur de longues distances. Chrysomyxa rhododendri ne colonise que les aiguilles fraîches qui viennent d’éclore. Après la propagation de la rouille dans les aiguilles, les premiers symptômes apparaissent: les aiguilles prennent une remarquable couleur jaune brillant. Les spores formées sur les épicéas infestent encore en automne l’hôte sur lequel elles ont passé l’hiver, le rhododendron, et contribuent ainsi à une propagation accrue de la rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa.

La Rouille annulaire des aiguilles de l’épicéa (Chrysomyxa abietis) colonise uniquement les aiguilles de l’épicéa. Elle infecte de préférence les épicéas dans les peuplements serrés. Contrairement à la rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa, elle est répandue dans les zones situées entre 400 et 1100 m d’altitude. Les premiers symptômes visibles de la “maladie“ consistent chez la rouille annulaire des aiguilles de l’épicéa en l’apparition sur les aiguilles de bandes transversales jaune-vert qui deviennent ensuite jaune-orangé. Le champignon est souvent présent dans les cultures de sapins de Noël.

La Rouille due à Chrysomyxa pyrolata est beaucoup moins répandue que les deux autres représentants indigènes de Chrysomyxa. Elle est une rouille à hôte alternant qui va des pyrolacées à différentes espèces d’épicéas et n’attaque que des écailles de cônes. Chrysomyxa pyrolata subsiste pendant l’hiver dans les espèces de pyrolacées et tend à se propager de façon souterraine en les infectant.

Importance moindre pour l’économie forestière

La rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa (Chrysomyxa rhododendri) est connue dans les Alpes depuis plus de 100 ans. Pourtant, aucun cas de dépérissement massif d’arbres infestés n’a été signalé à ce jour. Le champignon ne met pas non plus en danger les rhododendrons. La rouille annulaire des aiguilles de l’épicéa (Chrysomyxa abietis) peut par contre entraîner des pertes considérables de valeur dans les cultures d’arbres de Noël. La rouille due à Chrysomyxa pyrolata peut certes diminuer la production de semences de 20 à 60% mais elle n’est pas problématique pour l’économie forestière.

Traduction: Jenny Sigot (WSL)

Bibliographie

Les références figurent dans l'article original (PDF).

La publication Les rouilles de l'épicéa est disponible gratuitement sur simple demande auprès du WSL:

Adresse de commande
WSL e-shop
Zürcherstrasse 111
CH-8903 Birmensdorf
e-shop@wsl.ch