La Rosalie des Alpes (Rosalia alpina, fig. 1) est l‘un des coléoptères les plus beaux, les plus grands et les plus rares d‘Europe. Il vit dans des hêtraies qui ne sont ni rares ni menacées en Europe centrale.

Mais pour que ses larves puissent se développer, Rosalia alpina doit disposer durant plusieurs années de bois mort de hêtre exposé au soleil (fig. 2). Or les endroits où pousse cette essence en Suisse sont aussi habités depuis longtemps par des gens qui utilisent intensivement ce bois. C'est la raison pour laquelle ce majestueux cérambycide s'est considérablement raréfié aujourd'hui.

Répartition

L’aire de répartition de la Rosalie des Alpes va de l’Espagne et de l’Europe centrale à la Syrie, au Caucase, au sud de l’Oural et à la Biélorussie. En Europe, cette espèce est surtout présente dans les montagnes des Pyrénées, des Alpes, des Apennins, des Carpates et des Balkans.

Menaces

Jadis, la Rosalie des Alpes était largement répandue. Mais en plus des nombreuses captures dont fut l’objet le "plus beau coléoptère d’Europe", c’est surtout le recul des hêtraies (vierges) riches en vieux bois et en bois mort qui a entraîné l’extinction de Rosalia en maints endroits. Par manque d'alternatives, Rosalia recherche également du bois d'oeuvre et du bois de feu stockés pour y déposer ses oeufs. Si ces bois sont transformés avat que les larves ne s'y soient développées, ils se transforment en piège pour les coléoptères.

Statut de protection

  • Le Conseil de l'Europe a intégré la Rosalie des Alpes aux espèces protégées dans toute l’Europe en signant la Convention de Berne.
  • L’UE l’a classée parmi les espèces prioritaires d’un intérêt public dans la directive 92/94/CEE du Conseil européen.
  • En Suisse, R. alpina est une espèce protégée en vertu de l’Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage.
  • R. alpina est inscrite dans les listes rouges internationales de l’UICN.

Recherche

Les conditions d’habitat nécessaires à R. alpina ont été l’objet de diverses observations et rapports, parfois contradictoires et anciens, mais il existe peu d’études scientifiques récentes à ce sujet. Pour favoriser judicieusement cette espèce menacée, il importe de connaître les critères selon lesquels la femelle choisit son lieu de ponte. Il faut aussi l’empêcher de se faire piéger dans des bois de chauffage en lui offrant des biotopes plus attractifs.

L'Institut fédéral de recherches WSL a concocté un "buffet" (fig. 4) à l’intention de Rosalia dans trois stations connues: le Val Verzasca, le Prättigau et le Jura. Un choix de troncs de hêtres morts de différentes qualités lui a été offert à chaque endroit. Les mâles qui ont défendu leur territoire avec la plus grande ardeur habitaient un tronc sur pied, long et gros. C’est là aussi que le plus grand nombre de femelles ont déposé leurs oeufs.

Recommandations

Sur la base du savoir acquis lors des recherches précitées, les auteurs proposent de promouvoir la Rosalie des Alpes dans des régions où sa présence est certaine ou supposée. A cet effet, un ou plusieurs troncs de hêtre d’environ 2 m de long et d’au moins 25 cm de diamètre seront placés à des endroits bien ensoleillés. Ici, les femelles pourront pondre au moins une partie de leurs oeufs et les larves (fig. 5) ne seront pas brûlées avec le bois. Le tronc devrait être déposé avant l’émergence de l’insecte, c.-à-d. avant le troisième été, à un endroit exempt de bois de chauffage. Les hêtres pourris ou morts depuis peu constitueront à l’avenir un habitat adéquat surtout s’ils sont placés dans une lisière ensoleillée ou sur une aire de chablis pas entièrement nettoyée.

En général, il est recommandé de laisser sur place les vieux hêtres endommagés ou morts dans les endroits ensoleillés. Les troncs de hêtre et le bois de chauffage destinés à la vente devraient être évacués ou entreposés à l’ombre avant l’été, période d’essaimage de l’insecte. Il est opportun de laisser quelques souches ou troncs de hêtre de moindre qualité sur les aires de chablis. Au moment des coupes, il serait utile de laisser sur pied quelques vieux hêtres et hautes souches. En outre, des troncs peuvent être appuyés et fixés contre les arbres sur pied exposés au soleil. Le bois au sol et les petites souches ne sont pas appropriés au développement de la Rosalie des Alpes.